28 janvier 2009

Enseignement : le problème serait-il ailleurs ?

L'enseignement du français occupe déjà la part la plus importante de l'emploi du temps des petits élèves de l'école primaire, or, j'entends à la radio ce soir qu'une enquête du ministère de l'Education montre que le niveau en orthographe, grammaire, conjugaison a baissé depuis 1997 et encore plus depuis 1987. Voilà un constat qui pourra se renouveler sans doute encore pendant des décennies malgré tous les efforts qu'on développera pour essayer d'enrayer cet état de fait.
Puisque c'est une perte de temps d'enseigner des règles de grammaire, de conjugaison, d'orthographe dont les subtilités sont telles que peu de gens les retiennent par ailleurs ("Ils se sont trompé" ou "Ils se sont trompés" ? Réfléchi ou réciproque ?), ne serait-il pas plus utile de faire porter l'effort sur les disciplines scientifiques (mathématiques, physique, chimie, biologie, informatique, économie, géographie...), humanistes (littérature, histoire...) ou artistiques (théatre, cinéma, musique...) qui intéresseraient davantages les élèves dés le primaire et leur donneraient les bases d'une culture qui les ferait accéder à des emplois dont un pays moderne à besoin, s'insérer en conscience dans une société qu'ils comprendraient, ou développer des dons naturels.
A leur âge, reconnaissez que, vous aussi, vous avez eu du mal à vous passionner pour l'accord du participe passé lorsque le complément d'objet est placé avant le verbe, pure invention de grammairiens à qui on demandait de figer dans leurs traités les règles les plus tordues à une époque ou le "bien écrire" permettait de séparer le bon grain de l'ivraie. D'ailleurs veut-on réellement que les choses évoluent ? Il suffit de voir sur quoi portent les évaluations pour avoir la réponse.
Alors, pourquoi ne pas accepter de faire le ménage et débarrasser progressivement (en quelques décennies) la langue de ses principales difficultés ? A vrai dire de la laisser vivre et évoluer. Bien sûr, j'en entends qui vont hurler au sacrilège : dans quelques générations, seuls quelques érudits seront capables de relire dans le texte toute notre belle littérature du XXème siècle ! Certes, mais le cas s'est déjà produit quand on a abandonné le latin pour passer au français et les documents qui en valaient la peine ont été traduits (et d'ailleurs ne traduit-on pas Montaigne en français contemporain en ce moment ?). Dans quelques générations, si on ne préserve pas la compétivité du pays grâce à la recherche ou aux technologies de pointe, ce n'est plus le français qu'on parlera mais l'anglais ou le chinois ou la langue de la culture dominante qu'on ne connaît pas encore.
Alors, à quand une réflexion de nos politiques sur la simplification de l'orthographe ? Encore faudrait-il que celle de 1990 soit appliquée dans les écrits courants : la Presse, les Webmasters ont leur part de responsabilité.
Et si l'évolution venait plutôt de là ! (mais qui aura le courage de commencer ?)

1 commentaire:

roland a dit…

Deux problèmes différents sont traités en combinaison. Cet accouplment philosophique est dangereux si l'on veut enfanter une bonne compréhension!
Une chose est de souhaiter une simplification de la langue et de ses sciences pour assurer sa survie à l'échelle des décennies futures. Celle là je l'approuve!
Une autre est de spolier les élèves de la connaissance de la langue qui est en vigueur et reste le vecteur de la communication et de l'appropriation des connaissances.
Mettre le tracteur électronique télécommandé derrière la charrue ancestrale, c'est trahir le devoir élémentaire de l'école: apporter à ceux que la société néglige, les armes de base pour grandir libre!
Rendons à nos enfants ce que nos pairs (et nos pères) nous ont donné pour que nous soyons là où nous sommes (si nous y sommes heureux!). Ne profitons pas de notre statut acquis pour nous en repaître en négligeant de le transmettre, en le thésaurisant pour la caste de notre nouvelle condition!